Mathematica, de David Bessis :

Voilà un livre qu’il faut avoir lu si on s’intéresse de près ou de loin aux questions d’apprentissages ! Partant des difficultés liées au apprentissages mathématiques, il termine sur l’apprentissage en général.

Quel est le principal problème dans l’apprentissage des mathématiques ? Pour la plupart des élèves que les mathématiques mettent en difficulté, le principal problème est que ce n’est pas concret pour eux. Qu’est-ce que ça veut dire ? Que ça ne se rattache à rien dans leur imagination, que « ça ne sert à rien dans la vraie vie » (combien de fois ais-je entendu ça!!). L’auteur est un peu plus précis. Pour lui, la principale difficulté est que les mathématiques marchent à l’intuition, et que cette intuition n’est pas facilement dicible. Les mathématiques sont un ensemble de représentations mentales, qui, pour être transmises, sont écrites dans un langage hermétique.

« Pour transcrire leurs idées, les mathématiciens ont du inventer ce langage hermétique et ces symboles indéchiffrables, tout comme les musiciens ont dû inventer cette notation musicale hermétique pour transcrire leurs compositions. Sauf que les musiciens disposent d’un énorme avantage pratique : il leur suffit de jour leur musique pour que tout le monde comprenne immédiatement de quoi il s’agit, sans avoir besoin de déchiffrer la partition. Le gros problème des mathématiciens, c’est qu’ils n’ont pas cette option. […] Si on initiait les enfants à la musique en donnant à déchiffrer des partitions de Mozart ou Michael Jackson sans jamais rien leur faire écouter, la musique serait aussi universellement haïe que le sont les mathématiques. »

Dire que je partage son point de vue est un euphémisme. C’est parce que j’ai rencontré beaucoup d’élèves pour qui les maths ne se relient à rien de concret que j’ai eu envie de les enseigner en marchant en forêt (et parce que j’aime énormément les forêts…). L’idée de base du projet de rando math, c’est bien de proposer un moyen de relier des concepts de maths à des objets concrets, tout en passant un bon moment dans un endroit beau. L’auteur propose au long du livre de nombreux exemples de mathématiciens brillants, et de comment ils développent leur intuition mathématique.

Mais ce que David Bessis, l’auteur, ajoute, c’est que ce travail pour relier l’intuition et la logique est le mécanisme de base de l’intelligence. Développer son intelligence demanderait de faire dialoguer son « système 1 » et son « système 2 »(resp. intuition et logique ; voir D. Kahneman, thinking, fast and slow). Et ce processus de dialogue, il l’appelle système 3. L’une des grandes difficultés de ce dialogue, c’est qu’il nécessite d’accepter de se tromper. Accepter de se tromper, et analyser sur pourquoi on se trompe. Encore une fois, je ne peux qu’approuver. Je n’ai pas « vu » ça de façon aussi large, mais en tout cas, en calcul mental, je suis complètement d’accord, c’est la façon de progresser.

En lisant ce livre, cela m’a rappelé certains des contenus du meilleur MOOC que je connaisse : Learning How To Learn. Le MOOC est un peu plus vaste sur les apprentissages, et les pièges dans lesquels on tombe, mais sur le mécanisme de compréhension, les deux sont bien en accord : il faut travailler, manipuler, relier les choses jusqu’à ce qu’elles semblent évidentes. En commençant par les choses simples, pour construire des bases, et que le savoir, ensuite, repose sur des bases solides.

Bref, un livre qui se lit vite et bien, et qui peut se méditer un moment…


Laisser un commentaire